La statue
Opéra en 3 actes et 5 tableaux
Livret de Michel Carré et Jules Barbier
Musique de Ernest Reyer
Prémiere: Le Théâtre-Lyrique (Théâtre-Historique, boulevard du Temple),
          Paris, 11 avril 1861


Personages                                 Voix

Margyane, nièce de Kaloum-Barouck......... Falcon ou Chanteuse légére.
Sélim .................................... 1.er Ténor.
Amgiad, l'gènie .......................... Basse chantante ou Baryton.
Kaloum-Barouck ........................... Basse.
Mouck, servant de Sélim .................. 2.d Ténor.


ACTE 1
      No. 1: Chœur des Fumeurs: Ô vapeur embaumée
      Entrée d'Amgiad
   Tableau 2
      No. 2: Récitatif et romance: Sous le feuillage épais
      Couplets: Je demande Qu'on me pende
      No. 3: Duo: Mais, je veux te connaître      
      No. 4: Ballade: Prends garde, ami Sélim
      No. 5: Scéne: J'ai tenu mes serments
      No. 6: Marche de la caravane: Vers la ville sainte
      No. 7: Scéne et Grand recitatif
      No. 8: Scéne du serment et final: Mouck a raison
ACTE 2 (version Opéra)
      No. 9: Scéne: Seigneur Sélim, reçois ma nièce
      No. 10-bis: Scéne: J'unis vos mains
      No. 11: Strophes: Quel bruit vient troubler le silence
      No. 12: Scéne et ensemble: Je frémis!...
      No. 13: Scéne et final des adieux. 
ACTE 2 (version comique)
	No. 7: Introduction et Chœur
	No. 8: Romance (Couplets)
	No. 8: Récit. at air
	No. 9:  Duo bouffe	
	No. 10: Cavative	
	No. 11: Scéne et chœur
	No. 11bis: Entr'acte et scéne
	No. 12: Final
	---Strophes---
	---Scéne et ensemble---
	---Scéne et final des adieux---
ACTE 3
      No. 14: Introduction et chœur. 
      No. 14-bis: Scéne: Arrête! Pourquoi fuir?
      No. 15: Récit. et duo: Tu l'as dit, Margyane
      No. 15-bis: Scéne: Sélim! Ciel! Le derviche!
      No. 16: Trio: Tremble si ton cœur oublie
      No. 16-bis: Scéne: C'est bien, adieu, sois libre!
      No. 17: Strophes: Avant de fuir l'époux
      No. 17-bis: Scéne et récit.: Rouvre ses yeux à la lumière
   Tableau 5
      No. 18: Chœur et danse des djiins
      No. 19: Final: C'est ici! Dieu puissant


INTRODUCTION  (4)

ACTE 1

TABLEAU 1  À Damas; Intérieur Arabe au bord de l'eau.

No. 1: Chœur des Fumeurs et Entrée d'Amgiad.

(Sélim et ses compagnons sont étendus
ça et là sur des coussins et fument de l'opium.)


CHŒUR:

Ô vapeur embaumée
Enivrante fumée
Subtil poison
Emporte loin du monde
mon âme et ma raison.


SÉLIM:

Heureux celui que sa folie enivre
Jusqu'à la mort qui nous délivre,
Et dont le cœur amoureux et surpris,
S'éveille à la voix des houris,
S'éveille à la voix des houris!



CHŒUR:

Ô vapeur embaumée, etc.



SÉLIM:

Heureux celui qui succombe à l'ivresse
Et dont l'esprit qu'un doux songe caresse
S'enfuit loin du monde réel
Dans l'espace azuré du ciel.



CHŒUR:

Les airs sont pleins de douces harmonies.



SÉLIM:

Ô sublime merveille!
ô splendeurs infinies!
Rêves divins! rêves éblouissants
Qui charmez mes yeux et mes sens.



CHŒUR:

Les airs sont pleins de douces harmonies!



SÉLIM:

Un souffle de feu
m'entraine sur son aile au pays des génies
Je suis roi!... Je suis Dieu!...



CHŒUR:

Ô vapeur embaumée, etc.


(Les fumeurs d'opium s`endorment.- Sélim retombe sur ses coussins.)

--
(Amgiad paraît)

(dialogue parlé)

AMGIAD:

Sélim!


SÉLIM:

Qui m'appelle?



AMGIAD:

Éveille-toi!



SÉLIM:

Non, va-t-en! laisse-moi rêver!



AMGIAD:

Éveille-toi! je le veux!



SÉLIM:

Qui donc es-tu?

(se levant et portant la main à son poignard)

Malheur à toi!



AMGIAD: (parlé)

J'ai voulu t'arracher à ce sommeil maudit
à cette langueur perfide qui dégrade et allanguit ton âme...
Je puis chasser d'un signe les rêves mensongers qui troublent
ta raison malade...

Visions enfantées par les vapeurs du batchih et de l'opium,
dissipez-vous dans l'air à ma voix!

Et toi Sélim apaise ta folle colère et écoute-moi!



SÉLIM: (chantant)

Que veux-tu?



AMGIAD:

Je te parle en ami, je l'atteste!
Ton père m'a reçu jadis dans sa maison.
Toi, l'héritier de ses richesses,
Tu vis depuis longtemps au milieu des plaisirs,
Tes lèvres ont goûté de toutes les ivresses,
Et l'âme fatiguée et le cœur sans désirs,
C'est dans ce lieu, parmi ces compagnons fidèles,
Que tu viens t'abreuver de voluptés nouvelles.
Ton esprit, emporté loin du monde ou nous sommes,
Vers des pays nouveaux, fermés aux autres hommes,
S'égare en un rêve enchanté.

Eh bien! parler!
veux-tu que je t'ouvre moi même
Les portes de ce paradis?

Le génie Amgiad qui te protège et t'aime,
Me prête son pouvoir suprême.
Veux-tu me suivre enfin,
Loin de ces lieux maudits?



SÉLIM:

Par Mahomet voilà qui me décide à vivre...
Je suis prêt à te suivre,
Montre moi le chemin.



AMGIAD:

Aux portes du désert parmi les murs en cendre
De l'antique Balbeck, demain j'irai l'attendre,
Promets-moi de venir.



SÉLIM:

J'irai! j'irai! Voici ma main!
Au lieu marqué par toi tu me verras demain!



AMGIAD:

A demain!



SÉLIM:

A demain!

(Amgiad sort)

Mouck!



MOUCK:

Seigneur!



SÉLIM:

Nous partons!
La barque est elle prête?



MOUCK:

Oui seigneur!
Mais le jour encor ne paraît pas.



SÉLIM:

C'est la dernière fois qu'en ces lieux je m'arrête
viens! quittons ce repaire et sortons de Damas.

(Sélim entraîne Mouck;
on les voit descendre dans une barque et disparaître dans la unit.)

(Les fumeurs d'opium s'éveillent)



CHŒUR:

Ô vapeur embaumée, etc.


==========================================

TABLEAU 2: LES RUINES DE BALBECK.

(A droite un tombeau à demi enfoui dans les herbes;
à gauche une citerne. Au fond les hautes montagnes du Liban.
Une clarté ardente illumine tout le paysage.)


INTRODUCTION  (27)


(Margyane entre en scène portant sur épaule un long vase d'argile.)

No. 2:  RÉCITATIF ET ROMANCE.  (31)

MARGYANE:

Sous le feuillage épais du cèdre et du platane
La sainte caravane
Rêve et sommeille en paix.
Et moi je viens, o fontaine sacrée,
Puiser à ton flot endormi
Qui du pélerin ami
Rafraichit la lêvre altérée.

(Elle arrive prés de la darne et pose sa cruche sur la sable.)

Toi que n'atteint pas l'ardeur du soleil!
Et dont l'eau dormante, immobile et pure
Des feux du midi ne craint pas l'injure
A ton froid cristal mon cœur est pareil!
Ton asile frais, au simoun perfide
Demeure fermé
Et semblable à toi, fontaine limpide
Je n'ai pas aimé,
Je n'ai pas aimé.

Vienne un voyageur dont le sort fatal
Ait dans ce désert égaré la course,
Tu l'appelleras bienfaisante source,
Mon cœur est pareil à ton froid cristal.
Je voudrais calmer cette soif qu'en flamme
Un ciel dévorant
Et semblable à toi, répandre mon âme
Dans un cœur souffrant,
dans un cœur souffrant.

(Elle replace sa cruche sur son épaule et descend dans la citerne.)
(Sélim paraît au milieu des ruines.)



SÉLIM:

Je ne puis aller plus loin
mes forces sont épuisées!
Ce soleil de feu me brûle le front et m'aveugle!
Un voile ardént m'environne!...
Ô Dieu! me laisseras-tu mourir de soif dans ce désert?



MARGYANE:
(sortant de la citerne.)

Tu as soif dis-tu?
Voici de l'eau.



SÉLIM:

Par Mahomet! 
c'est le ciel qui t'envoie!



MARGYANE:
(Elle penche sa cruche sur son bras et l'approche des lèvres de Sélim.)

Bois!



SÉLIM:

Sois bénie! jeune fille!
tu me rends à la vie...
(Margyane fait quelques pas pour s'éloigner.)
Mais ne me quittes pas ainsi!
donne moi le temps au moins de te remercier.



MARGYANE:

Je reviendrai!

(Elle s'éloigne rapidement et disparaît parmi les ruines.)



SÉLIM:
(la suivant des yeux.)

Ange du ciel!
le son de sa voix a rafraichi mon âme,
comme cette eau pure a rafraichi mes lèvres!
la force me revient!... je renais!...



No. 2-bis Recit.

MOUCK:
(paraissant au fond.)

Seigneur! Seigneur Sélim!



SÉLIM:
(regardant autour de lui.)

Viens! et repose-toi!
Mon cher Mouck, nous touchons au terme du voyage...
C'est parmi ces rochers, je crois,
Que notre homme a promis de m'attendre.



MOUCK:

Est il sage, est il raisonnable, hélas!
De quitter ainsi Damas
Pour venir chercher dans ce lieu sauvage
Un palais enchanté que je n'aperçois pas!



SÉLIM:

Prends patience, Mouck, que ton cœur se console,
Notre homme tiendra sa parole.


-----------
(Dans la version Opéra Mouck couplets sont absents)

MOUCK:

Et vous at'il promis aussi
De nous apporter ici
Quelque bon plat?



SÉLIM:

Non...



MOUCK:

Non, me voici bien malade,
Il ne me reste plus qu'à mourir sur le sable!
Je ne tiens plus debout,
Mes forces sont à bout.


COUPLETS.

MOUCK:

Je demande
Qu'on me pende,
Qu'on me pende,
Qu'on me pende
Plutôt que de voyager,
Sans rien boire,
Sans rien boire,
Sans rien boire ni manger!

On prétend que le chameau,
Chargé du plus lourd fardeau
Peut huit jours se passer d'eau.

Moi quand j'ai soif je suis comme un tigre
Qui sort du bois,
Et je ne redeviens homme        
Qu'a l'instant même où je bois.
Je demande qu'on me pende, etc.

On dit que certains serpents
Malgré leurs crocs et leurs dents
Ne mangent que tous les ans.

Moi quand j'ai faim je suis comme un tigre
Qui sort du bois,
Mais je redeviens un homme
Que l'instant même où je bois
Je demande qu'on me pende, etc.

--------------


MARGYANE:

Voici nos meilleurs fruits que j'apporte à ton maître.



MOUCK:
(s'emparant de la corbeille)

Dieu soit loué!
Je suis sauvé!

(il s'enfuit)



MARGYANE:

Que fait il?



SÉLIM:
(arrêtant Margyane.)

Bon! laisse-le fuir!

No. 3: DUO.

SÉLIM:

Mais, je veux te connaître
Et te remercier de tes bienfaits.



MARGYANE:

Non! non! c'est à Dieu qu'il faut rendre grâce!
Mais notre caravane attend
L'heure du soir pour partir;
Comme nous, tu peux suivre sa trace.



SÉLIM:

Hélas! je dois rester en ce lieu.



MARGYANE:

Quel pouvoir t'y retient?



SÉLIM:

Mon serment.
Mais, si Dieu nous sépare,
Découvre, en me quittant, à mon œil enchanté,
Le trésor précieux et rare
De ta jeune beauté!



MARGYANE:

Seigneur!



SÉLIM:

Si, loin de toi désormais je dois vivre,
Que mes rêves du moins aient le droit de te suivre.

Oui, permets à ma main d'écarter en tremblant
Ce long voile blanc
Dont les plis importuns dérobent à ma vue
Ta beauté radieuse et ta grâce ingénue!
Avant de nous séparer,
Ah! laisse moi, m'enivrer
De cette beauté divine
Que déjà mon cœur devine!
Laisse moi te contempler
A genoux et sans parler!



MARGYANE: (à part)

Ah! je sens mon cœur trembler!...



SÉLIM:

Eh bien!



MARGYANE:

Non, Seigneur!



SÉLIM:

Je t'en prie!
Ah! laisse moi te contempler!
Ah! laisse moi te contempler!



MARGYANE:

Dieu nous fait une loi
De dérober nos traits
Aux yeux indiscrets
N'éxige pas de moi
cet oubli de moi-même
Notre beauté se doit
à l'époux qui nous aime!


              ------------------------------------|
SÉLIM:                                            |
                                                  |
Avant de nous séparer                             |
Ah! laisse-moi m'enivrer                          |
De cette beauté divine                            |
Que déjà mon cœur devine!                         |
                                                  |    
                                                  |
                                                  |
MARGYANE:                                         |
                                                  |
Puis qu'il faut nous séparer                      |
Je ne veux pas m'enivrer                          |
de cette extase divine                            |
Qu'en secret mon cœur devine!                     |
                                                  |
Hélas! je me sens trembler                        |
Et je n'ose plus parler!                          |
                                                  |
                                                  |
                                                  |
SÉLIM:                                            |
                                                  |
Laisse moi te contempler                          |
A genoux à genoux et sans parler.                 |
                    ------------------------------|
Laisse moi te contempler!

Pardonne à mon délire,
Mais ce cœur n'est pas satisfait
Si tu ne joins à ton bienfait
la douceur de ton sourire.



MARGYANE:

Tu le veux, j'obéis!

(elle écarte son voile.)



SÉLIM:

O front pur et charmant,
O radieux enchantement,
Es tu l'orgueil d'un autre monde?
Dévoiles-tu devant mes yeux
La péri des airs ou de l'onde?
Viens-tu de la terre ou des cieux?



MARGYANE:

Je ne suis qu'une pauvre fille
Ma mère est morte...
Avec mon père
Je vivais dans Alep
Il n'est plus!
De toute ma famille un parent m'est resté,
C'est vers lui que je vais.



SÉLIM:

Attends encor pourquoi partir?...



MARGYANE:

Adieu, seigneur... pour quoi me retenir?



SÉLIM:

Que ton âme craintive
De cette ivresse fugitive
Me laisse au moins le souvenir...
Un baiser!

(il prend Margyane dans ses bras)



MARGYANE: (parlé)

Un baiser!... ah! je me sens mourir...

                 -------------------------------|
Ah! quel charme encore,                         |
Retient mes pas,                                |
Ma voix t'implore;                              |
Ne me suis pas                                  |
A cette ivresse fugitive                        |
Je livre                                        |
mon âme craintive,                              |
mon âme craintive.                              |
                                                |
                                                |
                                                |
SÉLIM:                                          |
                                                |
Viens! attends encore,                          |
Ne t'en vas pas;                                |
Ma voix t'implore;                              |
Reste en mes bras                               |
Ah! de cette ivresse fugitive,                  |	
Qu'en mon cœur le souvenir survive...           |
          --------------------------------------|
Ne fuis pas!


MARGYANE:

Laisse moi.



SÉLIM:

A mon amour ton cœur fait grâce...
pourquoi me quitter?



MARGYANE:

Ah! je t'implore!



SÉLIM:

Ah! reste encore!...



MARGYANE:

Je me sens mourir!...



SÉLIM:

Ah! je t'implore,
Hélas! pourquoi me fuir!

           ---------------------|
Pourquoi me fuir?               |	
                                |
                                |
                                |
MARGYANE:                       |
                                |
Je dois te fuir!                |
           ---------------------|


SÉLIM:

Reste encor



MARGYANE:

Ah!
      --------------------------|
laisse-moi!                     |
                                |
                                |
SÉLIM:                          |
                                |
...en mes bras...               |
      --------------------------|
Ah! reste!

      ----------------------------------|
blanche fée ou péri                     |
Que j'implore tout bas!                 |
Ah! ne t'envole pas!                    |
                                        |
                                        |
                                        |
MARGYANE:                               |
                                        |
L'heure passe et le jour fuit...        |
Je dois partir hélas!                   |
Ah! ne me retiens pas!                  |
      ----------------------------------|
Ma voix t'implore!...



SÉLIM:

Attends encore!


      ----------------------------------|
MARGYANE:                               |
                                        |
Ma voix t'implore...                    |
Laisse moi fuir de tes bras!            |
                                        |		
(Margyane se dégage des bras de Sélim et s'enfuit.
Amgiad paraît au fond)                   
                                        |
SÉLIM:                                  |
                                        |
Ah! viens, je t'adore;                  |
Reste en mes bras?                      |
                                        |
Je t'aime!                              |
                                        |
                                        |
                                        |
MARGYANE:                               |		
(dans la coulisse)                      |
                                        |
Adieu!                                  |
   -------------------------------------|                  

(La nuit commence à tomber.)



AMGIAD:

Holà! Sélim!



SÉLIM:
(se retournant vers Amgiad)

C'est toi! tu t'es fait bien attendre.



AMGIAD:

J'arrive encor trop tôt à ce que je puis voir,
J'ai troublé, sans le vouloir.
Un entretien doux et tendre.



SÉLIM:

Non, j'étais fou! mon cœur ne s'est pas laissé prendre.
Je pourrais la rejoindre et je ne le veux pas.

No. 4: BALLADE.

AMGIAD:

Prends garde, ami Sélim! peutêtre le génie,
Pour te guérir de ta folie,
At il conduit lui même au devant de tes pas -
Cette enfant au front pur, fleur chaste, à peine éclose.
Qui vaut bien les trésors dont mon pouvoir dispose!


AMGIAD:

Il est un trésor
Plus rare que l'or
De toute la terre,
Plus pur que le jour
C'est le doux mystère,
C'est le doux mystère
Qui s'appelle amour!

Par cet amour qui respire
En son sourire,
Laisse toi charmer!
Peut-être son cœur recèle
La brûlante étincelle
Qui doit t'enflammer!
Par ce chaste cœur, (avec intention) peut-être,
Sélim pourrait connaître la douceur d'aimer!
La douceur d'aimer!...

Il est un trésor
Plus rare que l'or
De toute la terre,
Plus pur que le jour:
C'est le doux mystère,
C'est le doux mystère
Qui s'appelle amour!

No. 5:  RÉCITATIF.

SÉLIM:

J'ai tenu mes serments... songe à tenir les tiens.



AMGIAD:

Il suffit je me souviens!
De ce tombeau muet et sombre,
Les portes à ma voix vont s'ouvrir.
Et tu pourras alors à ton gré parcourir
Ces palais inconnus, pleins de mystère et d'ombre!
Mais avant de franchir le seuil de ce lieu redoutable,
Souviens-toi que toujours l'homme est insatiable.
Que toujours le désir engendre le désir!



SÉLIM:

Fais moi grâce de ta sagesse,
Et rappelle-toi ta promesse!



AMGIAD:

Soit! que Dieu te protège!
Adieu!


(Amgiad étend la main vers le tombeau, dont la porte s'ouvre aussitôt
avec un grand bruit retentissant, répété au loin par les échos
du souterrain. Amgiad disparait parmi les ruines.)


CHŒUR Souterrain:

Dans ce palais sombre
Nous gardons pour toi
Des trésors sans nombre
Enfouis dans l'ombre!
Viens! viens! viens!
De ce palais tu seras le roi!



SÉLIM:

Vers ce mystérieux empire
Quelle invisible main m'attire?



CHŒUR:

Viens! viens! viens!
De ce palais
Tu seras le roi.



SÉLIM:

Allah! veille sur moi!

(Sélim s'élancé dans le tombeau, les portes se referment avec fracas.)

No. 6: MARCHE DE LA CARAVANE ET AIR.

CHŒUR:

Vers la ville sainte
Avançons sans crainte
Sous l'éclat voilé
Du ciel étoilé
Retrouvons la trace
Que le temps efface
La trace des pas
Qui mène là-bas!
Vers la ville sainte
Avançons sans crainte
Sous l'éclat voilé
Du ciel étoilé.



MARGYANE:

Hélas! il n'est plus là...
mon cœur en vain l'appelle
Et mes yeux le cherchent en vain.
Emportant loin d'ici
le souvenir fidèle
De ce rêve sans lendemain.
Hélas! hélas! hélas!
Il n'est plus là...
mon cœur en vain l'appelle
Et mes yeux le cherchent en vain.


(La caravane se met en marche.)


CHŒUR:

Vers la ville sainte
Avançons sans crainte, etc.

(Les voix se perdent dans l'éloignement.)
(Mouck paraissant au fond du théâtre.) 

No. 7:  SCÉNE ET GRAND RECITATIF.

MOUCK:

Enfin je suis debout!
Quel sommeil invincible s'était appesanti sur moi.
Hélas! me voilà seul dans ce désert horrible
Et je me sens mourir d'effroi!

(La porte du tombeau s'ouvre font à coup pour livrer passage à Sélim.)
D'où vient ce bruit de tonnerre
Qui sous mes pas fait trembler la terre?
Allah! ne m'abandonne pas!



SÉLIM:

Mouck! est-ce toi?



MOUCK:
(se relevant)

Cher maître, est-ce bien vous?



SÉLIM:

Moi même!



MOUCK:

Et qu'aviez-vous à faire avant l'heure suprême
En ce maudit tombeau?



SÉLIM:

J'ai vu tout ce qu'un songe
Nous peut offrir en son divin mensonge,
De plus étrange et de plus beau!
Mes yeux ont contemplé ce merveilleux empire,
Ce royaume inconnu, ces jardins enchantés,
Ces palais de cristal, de marbre et de porphyre,
Où ruisselaient à flots d'innombrables clartés.

Tort-à-coup de métaux précieux revêtues,
Comme des astres purs au sein du firmament
Je vois de vant mes yeux surgir douze statues
Qu'un Dieu tail la dans l'or et dans le diamant.

Seul, parmi ces chefs d'œuvre, un piédestal est vide
Et semble provoquer mes regard curieux,
Et tandis que sur lui j'attache un œil avide,
J'entends flotter dans l'air, ces mots mystérieux:

La treizième statue absente est sans pareille
L'or et le diamant sont moins rares encor!
Le génie Amgiad t'offre cette merveille,
Qu'un roi ne paierait pas assez de son trésor!

Mais toi-même, choisis une fille innocente,
Épouse-la, reviens avec elle en ces lieux,
Livre la chaste et pure, et la statue absente
Va sur son piédestal apparaître à tes yeux!



MOUCK:

N'avez-vous point rêvé?



SÉLIM:

Non ce n'est pas un rêve!
Le piédestal encore à mes regards s'élève,
J'entends encor ces voix retentir!



MOUCK:

Par Allah! nous n'en sommes pas plus avancés pour cela
Et la fille candide, innocente et jolie
Que vous demande le génie
N'est pas facile à rencontrer.

No. 8:  SCÉNE DU SERMENT ET FINAL.

AMGIAD:

Mouck a raison, mais moi, je puis te la livrer.
Jure qu'en ton pouvoir elle restera pure
Et tu la connaitras!



SÉLIM:

Je le jure, je le jure!
Et qu'un éternel châtiment
Me frappe si je manque à mon serment!



AMGIAD:

Tu le jures?



SÉLIM:

Oui, je le jure!



AMGIAD: (mystérieusement)

Invisibles esprits, maîtres de la nature,
Soyez témoins de son serment!



CHŒUR souterrain:

Tremble, si ton cœur oublie
La promesse qui te lie.


                --------------------------------|
SÉLIM:                                          |
                                                |
Ne craignez pas que j'oublie                    |
La promesse qui me lie!                         |
                                                |
                                                |
                                                |                                                      
MOUCK:                                          |
                                                |
Ne craignez pas que j'oublie                    |
La promesse qui le lie!                         |
                                                |
                                                |
                                                |
AMGIAD:                                         |
                                                |
Tremble, si ton cœur oublie                     |
La promesse qui te lie!                         |
               ---------------------------------|


CHŒUR:

Un éternel châtiment...



SÉLIM, MOUCK, AMGIAD:

Un éternel châtiment...


                    ----------------------------|
CHŒUR:                                          |
                                                |
A qui trahit son serment!                       |
                                                |
                                                |
                                                |
SÉLIM:                                          |
                                                |
Si je manque à mon serment!                     |
                                                |
                                                |
                                                |
MOUCK, AMGIAD:                                  |
                                                |
A qui trahit son serment!                       |
                    ----------------------------|


AMGIAD:

Pour la Mecque avec lui,
sois donc prèt tout à l'heure
A partìr!



MOUCK:

Avec moi? avec moi?



SÉLIM:

C'est bien!



AMGIAD:

Vers la demeure
Du vieux Kaloum-Barouck
on guidera vos pas,
on guidera vos pas!
Tu lui demanderas
Sa nièce en mariage
Et s'il résiste, je m'engage
A l'arracher de ses bras.
Oublie alors qu'elle est ta femme,
Ferme bien ton cœur et ton âme,
Et si tu faiblissais...



SÉLIM:

Je ne faiblirai pas!
En douter c'est me faire injure!



AMGIAD:

Tu le jures?



SÉLIM:

Je le jure!
Et qu'un éternel châtiment
Me frappe si je manque à tenir mon serment!



CHŒUR:

Tremble, si ton cœur oublie...
                 -------------------------------|
La promesse qui te lie,                         |
                                                |
                                                |
                                                |
SÉLIM:                                          |
                                                |
Ne craignez pas que j'oublie                    |
La promesse qui me lie!                         |
Un éternel châtiment                            |
Si je manque à mon serment!                     |
Si je manque à mon serment!                     |
                                                |
                                                |
                                                |
MOUCK:                                          |
                                                |
Ne craignez pas qu'il oublie                    |
La promesse qui le lie!                         |
                                                |
                                                |
                                                |
AMGIAD:                                         |
                                                |
Tremble, si ton cœur oublie                     |
La promesse qui te lie!                         |
                                                |
                                                |
                                                |
CHŒUR:                                          |
                                                |
Un éternel châtiment                            |
A qui trahit son serment!                       |
                                                |
                                                |
                                                |
MOUCK, AMGIAD:                                  |
                                                |
Un éternel châtiment                            |
A qui trahit son serment!                       | 
A qui trahit son serment!                       |
                 -------------------------------|


(Fin de Acte 1)

****************************************************************

ACTE 2 (version Opéra)

ENTR'ACTE  (102)

TABLEAU 3:  LA MAISON DE KALOUM-BAROUCK À LA MECQUE.

No. 9:  SCÈNE ET CHŒUR. (107)

(Cour est prépare pour la cérémonie nuptiale.
Margyane voilée est pres de Kaloum-Barouck;
Sélim attend les paroles de Kaloum-Barouck.)


KALOUM-BAROUCK:

Seigneur Sélim,
reçois ma nièce en mariage;
Je te la donne
Au nom d'Allah!
Le Cadí va suivant l'usage bénir votre union
Permets que jusque là son front reste voilé
La chaste fiancée sans qu'un regard t'ait caressée
Doit se montrer aux yeux de son époux.
La table nuptiale est prête
Prenez place et que les chants de fête
retentissent autour de mous.



CHŒUR:

Au son des cymbales,
Au bruit des tambours,
Faites sur les dalles
Sonner vos sandales
D'or et de velours.



1rs SOPRANI SOLI:

Sans laisser de trace
Dans l'azur des cieux,
Ainsi l'oiseau passe,
En fendant l'es pace
D'un vol gracieux,



1rs TÉNORS SOLI:

Ainsi les abeilles,
D'un essor léger
Aux roses pareiles,
Sur les fleurs vermeilles
S'en vont voltiger.



CHŒUR:

Au son des cymbales, etc.



1rs SOPRANI SOLI:

Ainsi la gazelle
Effleure le sol,
Ainsi l'hirondelle
En battant de l'aile
Tournoie en son vol!



TÉNORS:

Tresses parfumées
Et cheveux épars
O jeunes almées
Nos âmes charmées
Cherchent vos regards,
Cherchent vos regards.



CHŒUR:

Au son des cymbales, etc.



No. 10:  BALLET

No. 10-bis: SCÈNE. (184)

(Entrée d'Amgiad sous les traits du Cadí;
Kaloum-Barouck le reçoit et lui présente les fiancés.)


AMGIAD:
(sous les traits du Cadí, unissant les mains de Sélim à de Margyane.)

J'unis vos mains, j'unis votre âme.
Deviens sa femme,
Sois son époux
Que la main d'Allah soit sur vous!



CHŒUR:

Que la main d'Allah soit sur vous!



KALOUM-BAROUCK:

Maintenant ma nièce fais-nous tes adieux
En mêlant à ces chants joyeux
Quelque refrain de ta jeunesse.



CHŒUR:

Avant de t'éloigner pour jamais de ces lieux.
Daigne nous faire tes adieux!

No. 11: STROPHES.

MARGYANE: (chantant)
(Eu écartant son voile mais sans être vu de Sélim.)

Quel bruit vient troubler le silence
Des déserts!
Quelle vague rumeur s'élance
Dans les airs!
D'ou viennent ces chants dans l'espace
Emportées?
C'est la caravane qui passe
Ecoutez!

Elle arrête sa marche lente
Et dort sous la chaleur brulante
Dans une oasis de palmiers!
La jeune fille au pas agile
Va remplir son vase d'argile
Au puits connu des chameliers
Au puits connu des chameliers.

Sous l'ardent soleil qui l'accable
Un voyageur est sur le sable
Perdu sans doute en son chemin!
Elle, pour apaiser sa fièvre,
Penche le vase sur sa lèvre
En le soutenant de la main!

L'inconnu l'ouvre la paupière
Et dit: éxauce ma prière;
Écarte ce voile jaloux!
Elle répond par un sourire
Et le jeune étranger l'admire
D'un regard caressant et doux
D'un regard caressant et doux.

Mais, bientôt dans l'azur plus sombre
Le soir va répandre son ombre
Il lui donne un baiser d'adieu!
Elle rejoint la caravane
Qui repart dans la nuit où plane
Le regard protecteur de Dieu!

(Elle laisse retomber son voile)

No. 12: SCÉNE ET ENSEMBLE.

SÉLIM: (à part)

Je frémis!...



AMGIAD:

Te voilà son maître
Et tu peux maintenant la voir et la connaître!

(Sélim écarte le voile de Margyane.)



SÉLIM:

Grand Dieu!
Je ne m'abusais pas.

              --------------------------|
CHŒUR:                                  |
                                        |
D'où vient sa surprise?                 |
                                        |
                                        |
                                        |
KALOUM-BAROUCK:                         |
                                        |
D'où vient ta surprise?                 |
              --------------------------|

                ------------------------|
SÉLIM:                                  |
                                        |
C'est elle! ô surprise!                 |
                                        |
                                        |
                                        |
MARGYANE:                               |
                                        |
D'ou vient ta surprise?                 |
                ------------------------|


AMGIAD et CHŒUR:

Et pourquoi lui fermer les bras?


                ------------------------|
SÉLIM:                                  |
                                        |
C'est elle qui me tend les bras!        |
                                        |
                                        |
                                        |
MARGYANE:                               |
                                        |
Et pourquoi me fermer tes bras!         |
                ------------------------|


                  ------------------------------|
CHŒUR, AMGIAD, KALOUM-BAROUCK:                  |
                                                |
Esclave soumise,                                |
Elle est prête,                                 |
elle est prête à suivre ses (tes) pas;          |
                                                |
                                                |
                                                |
MARGYANE:                                       |
                                                |
Esclave soumise,                                |
Je suis prête,                                  |
Je suis prête à suivre ses pas;                 |
                                                |
                                                |
                                                |
SÉLIM:                                          |
                                                |
Esclave soumise,                                |
Elle est prête,                                 |
Elle est prête à suivre mes pas;                |
                         -----------------------|
                         

No. 13: SCÉNE ET FINAL DES ADIEUX.

MARGYANE:

Quelle pâleur sue son visage!



AMGIAD: (à part)

Manquera-t-il de force et de courage?



SÉLIM: (à part)

J'ai promis! j'ai juré!



KALOUM-BAROUCK:

Qu'as-tu donc?



SÉLIM:

Rien!
(à Margyane)
suis-moi



AMGIAD:

Tu peux partir elle est à toi!



SÉLIM:

Viens!

(à part)
Je serai fidèle
au serment qui m'engage!



MOUCK:
(entrant)

Cher Seigneur, tout est prêt.



SÉLIM:

Recevez mes adieux!...



MARGYANE: (à part)

Je sens trembler sa main...
Il détourne les yeux!...

(Margyane ramène son voile sur son visage. Sélim lui donne la main.)



CHŒUR: (à Margyane)

Tu pars... que la vie
N'ait pour toi que de beaux jours,
Jeune épouse qu'on envie
Sois heureuse entes amours.
Tu pars! que pour toi la vie
N'ait jamais que de beaux jours!

Épouse chérie
Reçois nos adieux,
Reçois nos adieux,
Reçois nos adieux.
Tu pars que pour toi la vie
Soit remplie
De jours heureux.

(Sélim et Margyane s'éloignent)

Adieu! Adieu! Adieu! Adieu!



AMGIAD:
(regardant s'éloigner Sélim avec Margyane)

Allons! il tiendra sa promesse.



(Fin du Acte 2 (version Opéra).)


****************************************************************

ACTE 2 (version comique)

No. 7:  INTRODUCTION at CHŒUR (89)

CHŒUR:

Bonjour! bonjour! bonjour! bonjour!, etc.


CHŒUR:

Savez-vous pour quelle affaire
Notre voisin et compère
Nous rassemble au point du jour
au point du jour, au point du jour.

Bonjour! bonjour! bonjour! bonjour!, etc.

Savez-vous pour quelle affaire, etc.

Voici Kaloum-Barouck lui même
Qui va nous tirer de souci
le voici! le voici! le voici!


KALOUM:

Amis et voisins que j'aime
Salut à vous et merci!


CHŒUR:

Bonjour! bonjour! bonjour! bonjour!
Voisin bonjour, voisin! bonjour,
voisin, bonjour!
                         -------------
Dites-nous pour quelle affaire       |
Notre voisin et compère, etc.        |
                                     |
                                     |
KALOUM:                              |
                                     |
Apprenez pour quelle affaire         |
Notre voisin et compère              |
Vous rassemble au point du jour      |
au point du jour, au point du jour.  |
                         -------------
Savez-vous qu'il m'arrive
une nièce accomplie?


CHŒUR:

Non! Non!


KALOUM:

Eh bien! je vous l'apprends
Elle est jeune et jolie.


CHŒUR:

Bon! Bon!


KALOUM:

Dès le premier instant elle a ravi mon âme.


CHŒUR:

Ah! ah!


KALOUM:

J'ai formé le dessein
de la prendre pour femme


CHŒUR:

Bah! Bah!


KALOUM:

D'une épouse au marché
j'aurais pu faire emplette.


CHŒUR:

Oui! oui!


KALOUM:

Mais ce que j'ai pour rien
faut-il que je l'achète?


CHŒUR:

Fi! fi!


KALOUM:

Parlez-moi franchement:
c'est ce que je désire!


CHŒUR:

Bien!


KALOUM:

Que me conseillez-vous
et qu'avez-vos à dire?


CHŒUR:

Rien! rien! rien! rien!


KALOUM:

Permettez que je vous invite!


CHŒUR:

Permmettez qu'on vous félicite!


KALOUM:

Je vous attends pour le repas!


CHŒUR:

Nous y serons; n'en doutez pas
Nous y serons, nous y serons,
nous y serons; n'en doutez pas!

Permettez qu'on vous félicite!
Pour la noce préparez vite
Et la musique et le repas
Et la musique et le repas
Et la musique et le repas
Vos amis n'y manqueront pas!

Et la musique et le repas, etc.


MOUCK:

Pardon! pardon!


KALOUM:

Hein! Qui vient là?


MOUCK: (timidement.)

L'un de vous est peut-être Kaloum-Barouck?


KALOUM: (avec une emphase comique)

C'est moi!


MOUCK:

Je suis Mouck, fils de Mouck
et Sélim est mon maître


KALOUM:

Que me veut-il? explique-toi!


MOUCK:

Je vous souhaite une longue vieillesse
Et le bonheur et la sagesse.


KALOUM:

Après?


CHŒUR:

Après


MOUCK:

De Damas il vient tout exprès
Pour épouser votre nièce.


KALOUM:

Hein! plaît-il? épouser ma nièce!


CHŒUR:

Epouser sa nièce!


KALOUM:

Hors d'ici mauvais plaisant.


CHŒUR:

Hors d'ici mauvais plaisant,


KALOUM:

Ou je châtierai ton audace!


CHŒUR:

Hors d'ici mauvais plaisant,
Ou nous châtierons ton audace.


MOUCK:

Quoi! l'on me chasse


KALOUM et CHŒUR:

Oui, je te chasse.


MOUCK:

Et quelle injure de grâce
Vous fait mon maître en l'épousant?


KALOUM:

Hors d'ici, mauvais plaisant!


CHŒUR:

Hors d'ici, mauvais plaisant!


MOUCK:

Quel démon vous possède


KALOUM et CHŒUR:

Ton dos va le savoir!


MOUCK:

Au secours! au secours!
au meurtre! à l'aide!


KALOUM:

Hors d'ici, coquin!


CHŒUR:
                   -------------
Hors d'ici, coquin: bonsoir!   |
Hors d'ici, coquin; bonsoir!   |
                               |
                               |
KALOUM:                        |
                               |
bonsoir!                       |
                  --------------
Ah! j'étouffe de colère!
Quelque ennemi (la chose est claire)
A voulu se moquer de moi...


CHŒUR:

Il n'y reviendra plus, je croi!


KALOUM:

Dans ma demeure,
Avant une heure,
revenez tous, revenez tous!


CHŒUR:

Nous y serons, comptez sur nous
Nous y serons, nous y serons,
nous y serons, n'en doutez pas!

Permettez qu'on vous félicite!
Pour la noce préparez vite
Et la musique et le repas
Et la musique et le repas
Et la musique et le repas
Vous amis n'y manqueront pas!
Et la musique et le repas, etc.

---------------------------------------------------
No. 8:  ROMANCE (COUPLETS).
REM: Romance Margyane a été abandonnée
dans les versions ultérieures.

MARGYANE:

Son front portait de la jeunesse
La mâle beauté;
Ses traits respiraient la noblese;
Ses yeux la fierté!
Je devinais dans son sourire
Plus tendre et plus doux
Ce que ses lèvres allaient dire
Ce n'était pas vous, ce n'était pas vous!

Son regard comme une caresse
Se posait sur moi
Mon cœur plein d'une vague ivresse
lui donnait sa foi!
Je livrais ma vie et mon âme
A ce jeune époux
J'élais fière d'être sa femme
Ce n'était pas vous, ce n'était pas vous!
------------------------------------------------

No. 8:  RÉCIT. at AIR (120)

KALOUM:

Ce Mouck, fils de Mouck, 
ne peut être qu'un vil coquin.
Comment son maître,
Viendrait il exprès de Damas,
Pour épouser sans la connaitre,
Ma nièce qui n'est pas de Damas mais d'Alep.

Ali!

Dis à ma nièce que je veux lui parler.
Le vieux Kaloum Barouck saura mettre bientôt
Sa femme et sa maîtresse à l'abri des complots
De ce Mouck fils de Mouck.


MARGYANE:

Vous me demandez?


KALOUM:

Oui, tu n'es jamais allée à Damas?


MARGYANE:

Jamais!


KALOUM:

Bien, c'est ce que j'avais dit
Croyez donc à ce Mouck maudit
Or ça ma chère enfant
te voilà consolée,
Ou tu dois l'être car
c'est la suprême loi.
J'ai dû pour obéir aux ordres de ton père,
Te choisir un époux
qui fut digne de toi
Et cet époux j'espère l'avoir trouvé.


MARGYANE:

Comment?


KALOUM:

C'est moi!


MARGYANE:

Vous!

KALOUM:

Moi!


MARGYANE:

Hélas!


KALOUM:

Tu soupires je crois?
Est-ce là ta reconnaissance
Fort bien!... Épargne toi
d'impertinents aveux!
Il ne suffit de ton obéissance,
Sois prêre à m'épouser
je le veux! je le veux!

(il sort furieux)


MARGYANE:

Ah! grand Dieu!
A cet ordre cruel
tiendra t-il obéir.
Lui mon époux mon maître,
lui mon époux mon maître,
non, non, non, non.
plutôt mourir!

Toi, que pour un moment
le ciel m'a fait connaître,
A mes regards en cor hâte-toi de paraître
Et viens me secourir,
Et viens me secourir.

Viens! viens! viens!
je t'appelle,
Mon cœur fidèle
Vole vers toi
Daigne m'entendre
Viens me défendre,
Protège moi,
Protège moi.

Dans ce désert où tu m'as rencontrée
J'aurais voulu te suivre,
te suivre at te servir
Le sort fatal de toi m'a séparée,
Un autre espère à ses lois m'as servir
Non, jamais pour enchaîner mon âme
Nul ne pourra briser ma volonté;
Un tendre espoir me soutient et m'enflamme,
Je reprendrai bientôt ma liberté.

Toi, que pour un moment
le ciel m'a fait connaître, etc.
....
Protége moi, protége moi
Protége moi, protége moi.

(elle sort)


No. 8bis:  RÉCIT. (133)

AMGIAD:

Aux gens de ce matin que l'on ouvre ma porte
Qu'on nous prépare un splendide festin.
Qu'on mande les joueurs d'instruments
Et qu'on potre ces
bijoux à ma nièce allez!


KALOUM:

Hein? quoi?
Qui diable se permet de commander chez moi?


No. 9:  DUO BOUFFE (134)

KALOUM:

Holà!


AMGIAD:

Qui va là?
Qui va là?


KALOUM:

Par Allah!
Que vois-je là?


AMGIAD:

Nous y voilà!


KALOUM:

Quel nuage trouble ma vue?


AMGIAD:

Amusons nous de son étonnement


KALOUM:

Assurément
J'ai la berlue!


AMGIAD:

Que fais tu là?


KALOUM:

Par Allah!
quel homme est ce là?
          -------------------------------
Mon œil se trouble                      |
Y vois-je double?                       |
Il est, ma foi, semblable à moi         |
Il est ma foi, semblable à moi!         |
C'est ma figure!                        |
C'est ma tournure!                      |
Mon pied, mon bras                      |
Allah, Je tremble!                      |
Il me ressemble                         |
Du haut en bas!                         |
                                        |
                                        |
AMGIAD:                                 |
                                        |
Son œil se trouble                      |
Il y voit double                        |
A peine il croit                        |
A ce qu'il voit                         |
A peine il croit                        |
A ce qu'il voit!                        |
J'ai sa figure!                         |
J'ai sa tournure!                       |
son pied, son bras!                     |
Notre homme tremble!                    |
Je lui ressemble                        |
Du haut en bas!                         |
        ---------------------------------
Çà! que fais tu chez moi?


KALOUM:

Chez toi?


AMGIAD:

Sans doute!


KALOUM:

Cette maison est donc à toi?


AMGIAD:

Assurément!


KALOUM:

J'écoute
Et je demeure coi!


AMGIAD:

Parle! d'on vient donc ta surprise


KALOUM:

Le maitre de cette maison
N'est pas Kaloum-Barouch?


AMGIAD:

En effet c'est mon nom!


KALOUM:

Ton nom?


AMGIAD:

Mon nom!


KALOUM:

Par quel démon
Ma place est elle prise?


AMGIAD: (deciso)

Kaloum-Barouch est mon nom
Et je suis dans ma maison!


KALOUM:

Il me vole ma maison,
Ma ressemblance et mon nom!


AMGIAD:

Oui parle de voleur?...


KALOUM:

Hein!


AMGIAD:

serais tu du nombre?


KALOUM:

Mahomet! Voici du nouveau!


AMGIAD:

Tu dis?


KALOUM:

Serait-ce mon ombre?


AMGIAD:

Plait il?


KALOUM:

Plait il?


AMGIAD:

Plait it?


KALOUM:

Serait-ce mon écho?
          -------------------------------
Mon oeil se trouble                     |
Y vois-je double?...                    |
Il est, ma foi, semblable à moi         |
Il est ma foi, semblable à moi!         |
C'est ma figure!                        |
C'est ma tournure!                      |
Mon pied, mon bras Allah Je tremble!    |
Il me ressemble                         |
Du haut en bas!                         |
                                        |
                                        |
AMGIAD:                                 |
                                        |
Son oeil se trouble                     |
Il y voit double                        |
A peine il croit                        |
A ce qu'il voit                         |
A peine il croit                        |
A ce qu'il voit!                        |
J'ai sa figure!                         |
J'ai sa tournure!                       |
son pied, son bras!                     |
Notre homme tremble!                    |
Je lui ressemble                        |
Du haut en bas!                         |
        ---------------------------------

KALOUM:

Je confondrai ton imposture
Je suis Kaloum-Barouch.


AMGIAD:

Toi!


KALOUM:

Moi! le seul Kaloum-Barouch, je croi,
Qui fut jamais dans la nature.


AMGIAD:

Cet homme est fou,
la chose est sûre


KALOUM:

Quoi tu prétends...


AMGIAD:

Baisse de ton
Ou je vais à coups de bâton
Comme Mouck, fils de Mouck
te mettre à la raison.


KALOUM:

Mouck


AMGIAD:

Un drôle de ton espèce
Qui voulait m'enlever ma nièce
Et que j'ai ce matin
chassé de ma maison!


KALOUM:

Toi!


AMGIAD:

Moi?
La chose est bien certaine


KALOUM:

Et sans doute poussant
l'audace jusqu'au bout
Tu prétends épouser ma nièce?


AMGIAD:

Non, la mienne!


KALOUM:

Holà! je dors debout!...


AMGIAD:

Ecoute et tu vas reconnaître
Si je suis en effet
ce que je prétends ètre!


KALOUM:

Toi?


AMGIAD:

Moi! Je suis brutal demon tempérament
Et d'une sordide avarice,
Hypocrite, rusé, menteur,
Plein de malice,
Traître, poltron, voleur,
Libertin et gourmand.
Suis je Kaloum-Barouch cette fois.


KALOUM:

J'en suis blême
Il est Kaloum-Barouch plus encor que moi même.
     --------------------------------------  
Dieu puissant,                            |
Tout mon sang                             |
Se glace!                                 |
Voir ici Perdre ainsi                     |
Ma place!                                 |
Ce démon trouble mon courage!             |
Je blémis, je blémis                      |
et frémis de rage!                        |
Ce démon, ce démon                        |
trouble mon courage                       |
Je blémis, je blémis, etc.                |
                                          |
                                          |
AMGIAD:                                   |
                                          |
Bien va-t-en et pas tant d'audace         |
Ou d'ici                                  |
Ce brasci                                 |
Te chasse!                                |
Le bâton trouble son courage!             |
Il blémit, il blémit et frémit de rage!   |
Le bâton trouble son courage, etc.        |
Il étouffe de rage, de rage.              |
          ---------------------------------

No. 9bis  RÉCIT. (148)

KALOUM: (parlé)

Ali! Yousouf! Ahmed!


AMGIAD: (parlé)

Ahmed! Yousouf! Ali!


KALOUM: (parlé)

Au secours!


AMGIAD: (parlé)

A moi!


KALOUM et AMGIAD: (parlé)

Vite emparez vous de lui!
Láches vous hésitez


KALOUM: (parlé)

Je vous ferai tous pendre


AMGIAD: (parlé)

A vous mille sequins


LES ESCLAVES: (parlé)

Vive Kaloum Barouck!
vive Kaloum Barouck!


KALOUM: (parlé)

Ah! traitres! ah coquins!


LES ESCLAVES: (parlé)

Hors d'ici! hors d'ici!
Hors d'ici! le sorcier!


AMGIAD: (Récit.)

Sol vieillard, j'ai du prendre
sa place pour quelques instants.
Voici Sélim! il était temps!


MOUCK:

C'est lui


SÉLIM:

Bien!
N'es tu pas Kaloum-Barouck?


AMGIAD:

Lui-même!


SÉLIM:

Reconnais-tu ce serviteur que j'aime?


AMGIAD:

Non!


MOUCK:

Non!


AMGIAD:

Mais je sais ton amour Sélim!
Depuis longtemps à toi je m'intéresse.
Je vais te présenter ma niéce.
Elle sera ta femme avant la fin du jour.

(il sort)


SÉLIM:

Sais-tu que je devrais...


MOUCK:

Je vous jure!


SÉLIM:

tais-toi!


MOUCK (à part)

       vieux traitre!
Ainsi donc mon cher maitre,
Vous allez follement,
livrer une beauté
Que votre coeur peutêtre,
S'avisera d'aimer.


SÉLIM:

Je tiendrai mon serment
puis je aimer désormais
près d'une seule femme
J'ai senti mon coeur battre
et s'attendrir mon âme!

No. 10:  CAVATINE. (152)

Comme l'aube nouvelle
Epanchant sur les grêves
Un rayon limpide et vermeil,
Telle, ô chaste beauté
Tu passes dans mes rêves
Pour t'évanouir au reveil!

Ombre éphémère,
Vaine chimère,
C'est toi, c'est toi,
oui c'est toi
Qui berces mon sommeil.

O front charmant image enchanteresse,
Auge de pureté
Je te revois,
livrant à mon ivresse
Ton cœur et ta beauté
Un doux baiser de ton âme innocente
Trouble le calme heureux.

Et tu t'enfuis timide et rougissante,
De mes bras amoureux!...

Comme l'aube nouvelle, etc.


No. 10bis  RÉCIT. (157)
 
MOUCK:

Et pourquoi l'avez vous laissé fuir de vos bras?


SÉLIM:

N'y songeons plus!
Loin des yeux et de la pensée
Les regrets sont superflus.
(deciso)
Prépare tout pour le voyage,
Nous partirons ce soir.


AMGIAD: (à Margyane)

Ne crains rien, suis-moi!
Voici ton époux!


MARGYANE:

Ciel!


AMGIAD:

Apaise ton émoi,
Quand je te menaçais
d'un autre mariage,
Je voulais seulement t'éprouver.


MARGYANE:

Ô bonheur!


AMGIAD:

Tu seras dès ce soir,
son maitre et son seigneur, Sélim!
mais jusque là permets suivant l'usage,
Que ce voile à tes yeux dérobe son visage.


SÉLIM:

Soit!
tu m'acceptes pour époux


MARGYANE:

Oui.


MOUCK:

Pauvre enfant!


SÉLIM:

Silence!


AMGIAD:

On vient vers nous!

No. 11:  SCÉNE et CHŒUR (161)

ALI:

Voici vos amis.


AMGIAD:

Bien! Bien!


MOUCK:

Je reconnais les drôles
Qui m'ont si bien tantôt caressé les épaules.


CHŒUR:

Il est midi
Sans plus attendre
Il faut nous rendre
Chez le Cadi
Il est midi, etc.
Chez le Cadi, etc.


AMGIAD:

Apprenez mes amis
que j'ai change d'idée


CHŒUR:

Ah! ah!


AMGIAD:

A ce jeune seigneur ma nièce
est accordé.


CHŒUR:

Ah! Bah!


AMGIAD:

Par de riches presents
Il a su me séduire!


CHŒUR:

Bien. Bien.


AMGIAD:

Qu'y trouvez vous de mal
et qu'avez vous a dire?


CHŒUR:

Rien! Rien! Rien! Rien!


AMGIAD:

Rien!


CHŒUR:

Rien!


AMGIAD:

Suivez nous donc
et faites nous cortège
et faites nous cortège


CHŒUR:

Qu'Allah! tout puissant
Qu'Allah tout puissant
tout puissant vous protège
Il est medi
Sans plus attendre
Il faut nous rendre
Chez le Cadi. (etc)

No. 11bis:  ENTR'ACTE et SCÉNE. (171)

KALOUM:

Ne faisons pas de bruit,
Tâchons de le surprendre.


MOUCK:

Hein!


KALOUM:

Te voilà donc coquin!


MOUCK:

Plait il!


KALOUM:

Que fais-tu là?


MOUCK:

Ce qué je fais?


KALOUM:

Oui, traitre!


MOUCK:

Par Allah!
Estce un crime d'attendre
Que les autres reviennent...


KALOUM:

Qui?


MOUCK: (à part)

Bon! il reprend son air féroce.
Qui? les gens de la noce.


KALOUM:

La noce de ton maître avec ma nièce?


MOUCK:

Eh oui! vous moquez vous du monde 
ou perdez vous la tête?


KALOUM:

Va! va! tu changeras de ton.
Je te ferai mourir sons le bâton.


MOUCK:

Ah! vous y revenez, serviteur!


KALOUM:

Qu'on l'arrête!
Maladroits!
il fallait lui barrer le chemin.
Ah! je suis blême de rage!
Si le sorcier me tombe sons la main...


AMGIAD:

Pourquoi tout ce tapage?


KALOUM:

C'est lui!


AMGIAD:

Des gens de justice,
à quoi bon?


KALOUM:

On pourra bientôt te l'apprendre.


AMGIAD:

Soit! remplace donc,
avec ces braves gens,
Pour égayer par chants
Notre bonheur domestique,
Des joueurs d'instruments
Qui ne sont pas venus.


KALOUM:

Ah! tu veux de la musique.


No. 12:  FINAL (179)

AMGIAD:

Soyez et ne soyez plus!


KALOUM et CHŒUR (les gens de justice):
(L'acteur charge du ròle de Kaloum-Barouck doit cahnter
à l'unisson des tenors en voix de faussét)

Loin d'ici les soins jaloux,
Chantons les nouveaux époux!
Qu'elle soit toujours belle,
Qu'il n'aime jamais qu'elle
Loin d'ici les sois jaloux
Chantons les monveaux époux.


CHŒUR:

Gloire au Prophète
(Louange) au saint Prophète
C'est jour de fête
C'est jour de fête
Que nos chants joyeux
Retentissent au loin
et montent jusqu'aux cieux,
Que nos chants joyeux
S'élancent jusqu'aux cieux.


KALOUM et les gens du justice:

Loin d'ici les soins jaloux
Chantons les nouveaux époux
Qu'elle soit toujours belle,
Qu'il n'aime jamais quelle
Loin d'ici les soins jaloux Chantons.


MOUCK:

Ah! seigneur vous voici


SÉLIM:

Qu'as-tu donc?...


MOUCK:

je vous jure qu'il est enragé!


SÉLIM:

Qui? qui?


MOUCK:

Ce vieux Kaloum-Barouch


SÉLIM:

Allons tu perd la tête.


AMGIAD:

Eh c'est ce brave Mouck
Voyez la bonne figure!


MOUCK:

Ce vieillard vent aujourd'hui
Me rendre aussi fou que lui!


MARGYENE:

O mon époux mon maître!


SÉLIM:

A quoi bon la connaître


MARGYANE:

Le ciel
A comblé mon espoir


SÉLIM:

Je ne veux pas la voir.


KALOUM et les gens de justice:

Loin d'ici les sons jaloux chantons.


AMGIAD:

C'est bien
Taisez vous!
Allons, mes amis, prenez place!
Allons, mes amis, prenez place!
Et que chacun de vous du travail importun
Aujourd'hui se délasse
Esclaves servez nous
Esclaves servez nous!


CHŒUR:

Aus sons des cymbales,
Au bruit des tambours,
Faites sur les dalles
Sonner vos sandales
D'or et de velours.


1rs SOPRANI SOLI:

Sans laisser de trace
Dans l'azur des cieux
Ainsi l'oiseau passe
En fendant l'es pace
d'un vol gracieux,


1rs TÉNORS SOLI:

Ainsi les abeilles,
D'un essor léger
Aux roses pareiles,
Sur les fleurs vermeilles
S'en vont voltiger.


CHŒUR:

Au son des cymbales, etc.


1rs SOPRANI SOLI:

Ainsi la gazelle
Effleure le sol,
Ainsi l'hirondelle
En battant de l'aile
Tournoie en son vol!
(bocca chiusa)


TÉNORS:

Tresses parfumées
Et cheveux épars
O jeunes almées
Nos âmes charmées
Cherchent vos regards
Cherchent vos regards.


CHŒUR:

Au son des cymbales
Cherchent vos regards!
Au son des cymbales, etc.


(BALLET EN OPTION) (194)

AMGIAD:

Maintenant ma nièce fais nous tes adieux
En mêlant à ces chants joyeux
Quelque refrain de ta jeunesse.


CHŒUR:

Avant de l'éloigner pour jamais de ces lieux.
Daigne nous faire tes adieux!

---STROPHES--- (195)

MARGYANE:
(Eu écartant son voile mais sans être vu de Sélim.)

Quel bruit vient troubler le silence
Des déserts!
Quelle vague rumeur s'élancé
Dans les airs!
D'on viennent ces chants dans l'espace
Emportés?
C'est la caravane qui passe,
Ecoutez!

Elle arrête sa marche lente
Et dort sous la chaleur brûlante
Dans une oasis de palmiers!
La jeune fille au pas agile
Va remplir son vase d'argile
Au puits connu des chameliers
Au puits connu des chameliers.

Sous l'ardent soleil qui l'accable!
Un voyageur est sur le sable
Perdu sans doute en son chemin!
Elle pour apaiser sa fièvre,
Penche le vase sur sa lèvre
En le soutenant de la main!

L'inconnu l'ouvre la paupière
Et dit: exauce ma prière,
Écarte ce voile jaloux!
Elle répond par un sourire
Et le jeune étranger l'admire
D'un regard caressant et doux,
D'un regard caressant et doux.

Mais, bientôt dans l'azur plus sombre
Le soir va répandre son ombre
Il lui donne un baiser d'adieu!
Elle rejoint la caravane
Qui repart dans la nuit où plane
Le regard protecteur de Dieu!

(Elle laisse retomber son voile)

---SCÉNE et ENSEMBLE (201)

SÉLIM: (à part)

Je frémis!...


AMGIAD:

Te voilà son maître
Et tu peux maintenant la voir et la connaître!

(Sélim écarte le voile de Margyane.)


SÉLIM:

Grand Dieu!
Je ne m'abusais pas.

              --------------------------|
CHŒUR:                                  |
                                        |
D'où vient sa surprise?                 |
                                        |
                                        |
AMGIAD:                                 |
                                        |
D'où vient ta surprise?                 |
              --------------------------|
                ------------------------|
SÉLIM:                                  |
                                        |
C'est elle! ô surprise!                 |
                                        |
                                        |
MARGYANE:                               |
                                        |
D'ou vient ta surprise?                 |
                ------------------------|

AMGIAD et CHŒUR:

Et pourquoi lui fermer les bras?

                ------------------------|
SÉLIM:                                  |
                                        |
C'est elle qui me tend les bras!        |
                                        |
                                        |
MARGYANE:                               |
                                        |
Et pourquoi me fermer tes bras!         |
                ------------------------|
                  ------------------------------|
CHŒUR, AMGIAD:                                  |
                                                |
Esclave soumise,                                |
Elle est prête,                                 |
elle est prête à suivre ses (tes) pas;          |
                                                |
                                                |
MARGYANE:                                       |
                                                |
Esclave soumise,                                |
Je suis prête,                                  |
Je suis prête à suivre ses pas;                 |
                                                |
                                                |
SÉLIM:                                          |
                                                |
Esclave soumise,                                |
Elle est prête,                                 |
Elle est prête à suivre mes pas;                |
                         -----------------------|

---SCÉNE et FINAL DES ADIEUX (205)

MARGYANE:

Quelle pâleur sur son visage!


AMGIAD: (à part)

Manquera-t-il de force et de courage?


SÉLIM: (à part)

J'ai promis! j'ai juré!


AMGIAD:

Qu'as-tu donc?


SÉLIM:

Rien!
(à Margyane)
suis-moi


AMGIAD:

Tu peux partir elle est à toi!


SÉLIM:

Viens!
(à part)
Je serai fidèle
au serment qui m'engage!


MOUCK:
(entrant)

Cher Seigneur, tout est prêt.


SÉLIM:

Recevez mes adieux!


MARGYANE: (à part)

Je sens trembler sa main...
Il détourne les yeux!...

(Margyane ramène son voile sur son visage. Sélim lui donne la main.)


CHŒUR: (à Margyane)

Tu pars... que la vie
N'ait pour toi que de beaux jours
Jeune épouse qu'on envie
Sois heureuse en tes amours
Tu pars! que pour toi la vie
N'ait jamais que de beaux jours!
Tu pars! que pour toi la vie, etc.

Epouse chérie
Reçois nos adieux
Reçois nos adieux
Reçois nos adieux
Tu pars que pour toi la vie
Soit remplie
De jours heureux.

(Sélim et Margyane s'éloignent)

Adieu! Adieu! Adieu! Adieu!


AMGIAD:

Allons! il tiendra sa promesse!


KALOUM et les Gens de justice:

Loin d'ici les soins jaloux!
Chantons les nouveaux époux.


AMGIAD:

Assez éveillez-vous de la profonde ivresse
Ou je vous ai plongés.


KALOUM:

Hein!


LES GENS DE JUSTICE:

vous!


KALOUM:

vous!


LES GENS DE JUSTICE:

vous!


KALOUM:

Grand Dieu!


AMGIAD:

Vous êtes prisonniers
jusqu'à demain.
Adieu!

(Fin du 2er Acte, version original)

****************************************************************

ACTE 3

TABLEAU 4:  AU DÉSERT - LE SIMOUN - UNE TENTE ARABE.

No. 14:  INTRODUCTION ET CHŒUR. (210)

CHŒUR: ESCLAVES ET SERVITEURS DE SÉLIM

Entendez vous c'est la tempête
Le simoun aux ailes de feu
Hélas! Hélas! courbons la tête
Implorons le Prophète,
Implorons le Prophète
Demandons grâce à Dieu,
Demandons grâce à Dieu!

L'ouragan soulève
La brulante grève
En blancs tourbillons,
Et de leur repaire
Sombre et solitaire
Fait fuir les lions
Fait fuir les lions!

La mort nous menace
Le soleil pâlit
Et le jour s'efface
Fuyons!
Fuyons! fuyons! fuyons!
Fuyons!

(Ils disparaissent. Sélim paraît au fond avec Mouck.
Margyane accourt effrayée.)

No. 14-bis: SCÉNE.

SÉLIM: (à Margyane)

Arrête!
Pourquoi fuir?



MARGYANE:

Ah! je respire à peine
Du simoun dans les airs
Je sens l'ardente haleine
La mort plane sur nous.



MOUCK:

Nous voilà seuls...



SÉLIM:

Comme eux tu peux partir!



MOUCK:

Moi, vous quitter!



SÉLIM:

Je le veux!

(devant le geste menaçant de Sélim, Mouck s'incline et s'éloigne.)

No. 15: RÉCITATIF ET DUO.

SÉLIM:

Tu l'as dit, Margyane
C'est le simoun qui gronde et sur nous la mort plane.



MARGYANE:

Ah! je tremble, fuyons!



SÉLIM:

Comme le flot mouvant
Que soulève le vent
Comme un linceul immense
Tombé sur l'univers
Des mains de l'ange Eblis
Le sable du désert
Dans l'éternel silence
Nous gardera tous deux ensevelis.



MARGYANE:

S'il en est temps encor
viens, fuyons!



SÉLIM:

Non! non! demeure!
Que la foudre du ciel
me frappe et que je meure
Pourvu que je te garde
Et qu'on ne tente pas
De l'arracher vivante de mes bras.

(Il l'entoure de ses bras avec passion)



MARGYANE:

Hélas! Hélas!
Pourquoi jusqu'à cette heure
gardais tu loin de moi ce silence obstiné?
Pourquoi me fuyais tu?
Toi mon époux, mon maître?



SÉLIM:

Ne le demande pas!



MARGYANE:

Parle, fais moi connaître
Le secret de ton cœur
Le mien à pardonné.



SÉLIM:

Tu le veux!
Connais donc le serment qui me lie
Serment fatal, marché honteux,
Lâche folie!
J'ai promis, j'ai juré
Devant Dieu qui m'entend
De te livrer sans tache
Au pouvoir d'un génie.



MARGYANE:

Me livrer! que dis tu Sélim!



SÉLIM:

Il nous attend!



MARGYANE:

Et quel trésor doit on te donner en échange?



SÉLIM:

Une merveille
Une statue étrange
Que ne pourraient payer le diamant et l'or.
Et qui ne te vaut pas.



MARGYANE:

Je comprends.



SÉLIM:

Dieu se venge!



MARGYANE:

Livre moi!



SÉLIM:

Margyane!



MARGYANE:

Emporte ton trésor!



SÉLIM:

Hélas! vois ma douleur!



MARGYANE:

Pourquoi tarder encor?...



SÉLIM:

Ah! je déteste une folle chimère,
Je maudis un fatal serment!
Que ton cœur me soit clément
Apaise enfin ta colère
Au piège que j'avais tendu
Je me suis pris moi même,
Margyane, je suis perdu!
Margyane, je t'aime!



MARGYANE:

Tu m'aimes, dis tu?
Reprends tes esprits,
Sélim! je ne suis qu'une femme
Faut il que ce soit moi
qui rappelle à ton âme
Le trésor, le trésor dont tu t'es épris.



SÉLIM:

Le seul trésor, le seul bien que j'envie
c'est l'amour que j'ai pu trahir
Que ton cœur se laisse attendrir!
Margyane, rends-moi la vie
Je saurai tout braver pour toi,
La terre et le ciel même:
Margyane, pardonne-moi,
Margyane, je t'aime!



MARGYANE:

Sélim!


SÉLIM:

Achève!



MARGYANE:

Hélas! j'ai peur.



SÉLIM:

C'est la tempête qui gronde sur notre tête.



MARGYANE:
(se jetant dans ses bras)

Je t'aime! défends moi!



SÉLIM:

Que peuvent contre nous
Les esprits de la terre irrités et jaloux?



MARGYANE:

Ah! ne les tente pas
par de pareils blasphèmes!



SÉLIM:

Ne m'as-tu pas dit que tu m'aimes?
Que craindrais je encor de leurs coups?

(Entourant Margyane de ses bras)



MARGYANE et SÉLIM:

Ah! de l'amour divine extase!
Pur rayon où mon cœur s'embrase!
Devant moi s'entrouvrent les cieux
La terre s'efface à mes yeux
s'efface âmes yeux.

Ô rêve! ô joie enchanteresse
(Ô rêve,) ô joie enchanteresse
Oublions soucis et remords
oublions soucis et remords.
Amour je cède à ton ivresse
Je m'abandonne à tes transports.



SÉLIM:

Va, ne crains pas que jamais je te livre
C'est moi seul qu'il faut suivre
Quand je devrais t'emporter dans mes bras.
Margyane, Margyane,
Tu m'appartiendras.

(Amgiad paraît au fond, sous le costume de derviche
qu'il portait au premier acte.)

No. 15-bis:  SCÉNE.

AMGIAD: (parlé)

Sélim!


MARGYANE: (parlé)

Ciel!


SÉLIM: (parlé)

Le Derviche!



AMGIAD: (chantant, à Margyane)

Apaise ta frayeur,
Belle enfant!
Je ne suis qu'un pauvre voyageur
Perdu dans ce désert sauvage
Et je viens m'abriter chez-vous contre l'orage.



MARGYANE:

Entre donc, sois le bienvenu!



AMGIAD: (à Sélim)

Tes front pâlit,
tes yeux m'ont reconnu.



SÉLIM: (à Amgiad)

Que veux-tu?



AMGIAD:

J'obéis aux ordres du génie.
Il attend Margyane et je viens la chercher.



MARGYANE:

Sélim!



SÉLIM:

Laisse-nous seul,
va! mon amour, ma vie
De mes bras nul pouvoir lie saura l'arracher.
Va! va!

(Margyane sort)



AMGIAD:

Eh bien!
Sélim, l'heure nous presse.
Parle! es-tu prêt à tenir ta promesse?



SÉLIM:

Non! non! non!


AMGIAD:

Que dis-tu?



SÉLIM:

Margyane est à moi.
Margyane aujourd'hui m'appartient et je l'aime!



AMGIAD:

Quoi! Sélim amoureux a renié sa foi?
N'est ce pas cependant Margyane elle même,
Dont Sélim autre fois a repoussé l'amour?
Ne te souvient il pas que je t'ai dit un jour:
Prends garde, ami Sélim, peut être le génie
Pour te guérir de ta folie,
A il conduit lui même au devant de les pas.
Cette enfant au front pur,
fleur chaste a prise racla
Qui vaut bien les trésors
Dont man pouvoir dispose.



SÉLIM:

Je me souviens: mon cœur est en proie au remords
Tout m'accable, tout me condamne:
Mais ne me parle pas de livrer Margyane.
Plutôt la honte, hélas! plutôt la mort!

(Margyane reparaît à l'entrée de la tente.)

No. 16:  TRIO.

CHŒUR SOUTERRAIN:

Tremble si ton cœur oublie
La promesse qui te lie.



AMGIAD:

Reconnais-tu ces voix
Qui montent jusqu'à nous?



SÉLIM:

Oui, mais je vois
A mes genoux Margyane qui me supplie!



CHŒUR SOUTERRAIN:

Un éternel châtiment
A qui trahit son serment!



AMGIAD:

Des esprits de la terre entends-tu la menace?



SÉLIM:

Oui, mais je vois Margyane qui passe!
En me souriant doucement.


             ---------------------------|
CHŒUR SOUTERRAIN:                       |
                                        |
Un éternel châtiment                    |
A qui trahit son serment.               |
                                        |
                                        |
                                        |
MARGYANE:                               |
                                        |
Mon sang se glace                       |
O redoutable serment                    |
                                        |
                                        |
                                        |
SÉLIM:                                  |
                                        |
Son ombre passe                         |
Et me sourit doucement!                 |
                                        |
                                        |
                                        |
AMGIAD:                                 |
                                        |
Crains la rigueur                       |
D'un éternel châtiment.                 |
             ---------------------------|
Sais-tu quel destin misérable
Attend celui qui parjure sa foi?



SÉLIM:

Qu'elle me tende une main secourable
Et je suis sans effroi!
Et je suis sans effroi, sans effroi!


              ----------------------------|                                          |
MARGYANE:                                 |
                                          |
Hélas je meurs d'effroi,                  |
je meurs d'effroi.                        |
                                          |
                                          |
                                          |
SÉLIM:                                    |
                                          |
Et je suis sans effroi, sans affroi.      |
                                          |
                                          |
                                          |
AMGIAD:                                   |
                                          |
Trahiras-tu la foi, ta foi.               |
              ----------------------------|
Braveras-tu la honte et les injures
Les malédictions et le mépris moqueur?



SÉLIM:

Un mot d'amour fermera
Les blessures
Et tarira les larmes de mon cœur.



AMGIAD:

Et si du génie irrité la haine vengeresse
Te vient frapper en son ivresse.



SÉLIM:

D'une pure félicité
Un suprême baiser sera pour moi le gage
Et m'adoucira le passage
De la vie à l'éternité.



AMGIAD:

Redoute l'enfer irrité,
             ---------------------------|
Redoute l'enfer irrité!                 |
                                        |
                                        |
                                        |
SÉLIM:                                  |
                                        |	
De la vie à l'éternité!                 |
                                        |
                                        |
                                        |
MARGYANE:                               |
                                        |
O terrible fatalité!                    |
             ---------------------------|


CHŒUR SOUTERRAIN:

Tremble si ton cœur oublie
La promesse qui te lie.


             ------------------------------|
MARGYANE:                                  |
                                           |
Sélim, je te sacrifie                      |
L'espérance de ma vie                      |
Sur moi seule, ô Dieu clément!             |
Fais tomber le châtiment!                  |
                                           |
                                           |
                                           |
SÉLIM:                                     |
                                           |
D'un vain serment qui me lie               |
Mon amour seul me délie!                   |
Mon âme d'un Dieu clément                  |
Ne crains pas le châtiment!                |
                                           |
                                           |
                                           |
AMGIAD:                                    |
                                           |
Tremble si ton cœur oublie                 |
La promesse qui te lie!                    |                                           
                                           |
                                           |
                                           |
AMGIAD, CHŒUR SOUTERRAIN:                  |
                                           |
Un éternel châtiment                       |
A qui trahit son serment.                  |
             ------------------------------|


No. 16-bis:  SCÉNE. (266)

AMGIAD:

C'est bien, adieu, sois libre.



MARGYANE:
(lui barrant le passage)

Arrête!



SÉLIM:

Margyane!



MARGYANE: (à Amgiad)

Tu peux m'emmener,
je suis prête!



SÉLIM:

Que dis-tu?



MARGYANE:

C'est en vain que tu voudrais braver
L'horreur d'un éternel outrage!
Sélim ne m'ôte pas ma force et mon courage
Je me livre, je me livre pour te sauver!



SÉLIM:
(tirant un poignard de sa ceinture)

Écoute si tu fuis ce poignard, je le jure
M'étendra mort sur ton chemin.



MARGYANE:

Sélim!



AMGIAD:

Que ton cœur se rassure!

(Étendant la main vers Sélim qui laisse tomber son poignard)

Ne vois-tu pas déjà s'échapper de sa main
l'arme qui l'épouvante?



SÉLIM: (chancelant)

Dieu puissant!



AMGIAD:

Ne le vois-tu donc pas
Murmurer d'une voix tremblante
Des mots qu'il achève tout bas.



SÉLIM:

Pitié!
(Se laissant tomber sur un coussin)



AMGIAD:

Contre un pouvoir magique
Il tente un suprême effort!



SÉLIM:

Grâce!



AMGIAD:

Un sommeil léthargique
Appesantit ses yeux.



SÉLIM: (s'endort)

Margyane...



AMGIAD:

Il dort!

Quand tu seras près du génie
Il s'éveillera...
Je l'attends.

No. 17:  STROPHES.

MARGYANE:

Avant de fuir l'époux à qui j'étais unie
Accordez moi quelques instants.
(s'agenouillant près de Sélim.)

O mon Sélim, si je te suis ravie
Je t'épargne de vains remords
En te quittant je te laisse ma vie.
Dors.

Qu'un songe heureux,
Ainsi qu'un pur dicta me
Apaise tes brùlants transports
En te quittant je te laisse mon âme.
Dors!...

(Elle se relève)



SÉLIM: (endormi)

Margyane!



MARGYANE:

Adieu!



AMGIAD:

Viens!



SÉLIM:

Je t'aime!



MARGYANE:

Dors!...

(Amgiad sort en entraînant Margyane)


No. 17-bis: SCÉNE. (275)

CHŒUR SOUTERRAIN:

Rouvre tes yeux à la lumière!



SÉLIM:
(s'éveillant peu à peu)

Quel sommeil fermait ma paupière!
Grand Dieu!
Je me souviens...



CHŒUR SOUTERRAIN:

La statue est à toi!



SÉLIM:

Ah! malheur sur moi!

Margyane, ô fureur, ô délire,
O rêves insensés,
c'est vous qu'il faut maudire.
Et toi trésor fatal,
misérable statue,
Que tu sois de granit,
de marbre ou de métal
Je veux te voir à mes pieds abattue.

(Il saisit une masse d'armes)

Rien désormais ne peut te protéger;
Margyane est perdue et je veux la venger.

(Il s'élancé hors de la tente.)

TABLEAU 5

No. 18:  CHŒUR ET DANCE DES DJINNS. (280)

(Un palais souterrain resplendissant de clartés magiques,
douze statues occupent le fond du théâtre;
an milieu de la scène se dresse un piédestal ride.)


CHŒUR:

Dans les flancs épais de la terre
Rois de ce palais solitaire
Maîtres redoutés
Des mornes cités
Où loin de la foudre
Dans l'ombre et la pondre
Dorment les trésors
De ceux qui sont morts.

Gardiens invisibles
De ces lieux terribles
Dans la nuit d'en bas
Prenons nos ébats,
Prenons nos ébats!

Gardiens invisibles, etc.



CHŒUR (tenors):

La statue
Inconnue
N'attend plus qu'un signal
Pour paraître a nos yeux
sur son blanc piédestal.



CHŒUR (basses):

Silence!
Sélim s'avance...
C'est à lui qu'appartient
La merveille sans pareille.



CHŒUR:

Le voilà! Le voilà!
Je l'entends! Je l'entends!
Il vient! Il vient!
Je l'entends, etc.

Gardiens invisibles
De ces lieux terribles
Qu'il n'entende pas
Nos joyeux ébats,
Nos joyeux ébats!


(Les Djinns se dispersent et se cachent sous les galeries souterraines du palais.)
(Une nuit subite envahit le thèâtre.)

No. 19:  FINAL. (294)


SÉLIM:

C'est ici!



MOUCK:

Dieu puissant!
Où m'avez-vous conduit?
Je n'ose m'avancer dans cette affreuse nuit!
Maître, c'est fait de nous!



SÉLIM:

Tais-toi!

(Il s'avance vers le piédestal vide.)

L'heure est venue
Amgiad livre moi la treizième statue!



AMGIAD (invisible):

La voici!



CHŒUR invisible:

La voici!

(Une statue s'élève lentement au dessus du piédestal vide.)



SÉLIM:

C'est bien, merci!

(Il s'élancé vers la statue)

Trésor funeste!
Présent maudit que je déteste,
Spectre menteur et vain
d'un rêve évanoui!
Va! retourne au néant,
qui te rappelle à lui!

(son bras se lève pour briser la statue,
le voile qui la couvre tombe à sus pieds le théâtre s'éclaire,
Sélim reconnaît Margyane qui lui sourit et lui tend les bras)

Margyane!



MARGYANE:

Sélim!



SÉLIM:

Margyane! Est ce toi?
Quel Dieu clément nous rassemble encor?



AMGIAD:
(paraissant dans son costume de génie)

Moi!



MARGYANE: (souriant)

Amgiad!



SÉLIM:

Amgiad!



(Les Djinns reparaissent et se rangent autour d'Amgiad.)

CHŒUR:

Amgiad! Amgiad!
Amgiad, notre roi!
Amgiad, notre roi!



AMGIAD:

Qu'attends tu pour frapper?...



SÉLIM:

Ah! pardonne!


(Amgiad faisant descendre Margyane et la jetant dans les bras de Sélim)

AMGIAD:

Prends-la Sélim, je te la donne.

(Un chœur de houris paraît au fond au milieu d'un nimbe lumineux.)

Il est un trésor
Plus rare que l'or
De tonte la terre
Plus pur que le jour
C'est le doux mystère,
Oui, le doux mystère,
Qui s'appelle Amour!

(Loin du monde réel
tu cherchais des mensonges
A tes pas égarés
j'ai montré le chamin
Pour les réalités
Abandonne les songes
Et connais le bonheur
que repoussait ta main!)


MARGYANE et SÉLIM:

Amour pur, ivresse infinie!



MARGYANE, SÉLIM et CHŒUR:

Amour pur, ivresse infinie!



AMGIAD:

Amour pur, ivresse infinie!



(MOUCK:

Par ma foi c'est un bon génie!)



TUTTI:

Il est un trésor
Plus rare que l'or
de tonte la terre,
Plus pur que le jour.



MARGYANE, SÉLIM et AMGIAD:

C'est le doux mystère,
C'est le doux mystère
Qui s'appelle...



TUTTI:

Amour!



CHŒUR:

C'est le doux mystère,
Qui s'appelle amour.

(Fin) 
Extracted from the vocal score by Voytek Gagalka
August 2010.

(Act 2 - original Thèâtre Lyrique version - added in February 2013.)

My professional Web-page